Tout à une fin – mais qu’en est-il des médicaments?

L’armoire à pharmacie est bien remplie, on a prévu les cas d’urgence mais heureusement, on reste aussi en bonne santé. Seulement parfois le soir, un des enfants à mal au ventre, à la tête, ou présente d’autres symptômes. Et en fouillant dans l’armoire à pharmacie, on constate que les médicaments ont déjà dépassé leur date limite depuis longtemps. Mais pourquoi les médicaments ont-ils une date d’expiration? Et est-ce que l’on peut prendre quand même des médicaments périmés? Voici quelques réponses.

La fabrication de médicaments n’a rien de sorcier. L’essentiel, c’est toujours le principe actif. Celui-ci a certaines propriétés et des effets. Il peut par exemple soulager la douleur, stimuler la circulation ou avoir un effet immunosuppresseur. La liste est longue. Afin d’employer ces effets d’une manière spécifique, certaines substances ont besoin de catalyseurs, c’est-à-dire d’ingrédients qui n’ont pratiquement pas d’effets par eux-mêmes, mais qui peuvent renforcer positivement les propriétés du principe actif utilisé. En cas d’application sur la peau, on parle par exemple d’amplificateurs de perméabilité. Cela signifie que la crème contient une substance qui rend plus facile une pénétration en profondeur dans la peau.

Ce mélange de principes actifs et d’adjuvants constitue le fondement des médicaments. C’est alors que se pose la question la plus importante: où et comment le médicament doit-il développer son action dans le corps? En effet, il faut choisir une formulation en fonction du mode d’administration: qu’elle soit orale, mais sans dissolution dans l’estomac, sous forme de suppositoires, ou en tenant compte de la dégradation par la voie hépatique (c’est-à-dire par le foie). Il s’agit non seulement de déterminer la galénique (par exemple sous forme de crème, de lotion ou de comprimé à mâcher), mais aussi la forme physique. Un comprimé est stable et il peut souvent traverser l’estomac, un suppositoire se dissout lentement, un comprimé à mâcher a un effet essentiellement local et un liquide passe rapidement dans le sang.

Ces différentes formes requièrent divers adjuvants. Dans le cas des comprimés, c’est souvent du lactose; pour les crèmes, de la lanoline ou des substances similaires. Suivant la composition du médicament, le cocktail de substances, le fondement, peut évoluer avec le temps. De plus, ils peuvent finir par être contaminés, en particulier les produits liquides ou sous forme de crème ou les produits qui ont déjà été partiellement utilisés. En effet, la manipulation d’un produit peut entraîner la pénétration de bactéries, même involontairement. Ces processus peuvent avoir une influence sur les effets attendus du médicament.

Afin de pouvoir émettre des déclarations approximatives sur de tels processus, les fabricants de médicaments doivent tester leurs propres produits au laboratoire. Un test de stabilité en fait partie: il s’agit de mesurer la concentration du principe actif au bout de trois, six, douze et vingt-quatre mois passés dans des conditions de stockage difficiles. Ensuite, le médicament, dans la mesure où il a passé tous les autres tests avec succès et remplit toutes les conditions, peut être mis sur le marché. Si la stabilité n’a pas été vérifiée au-delà de cette phase de test de deux ans, le fabricant ne peut accorder une garantie que pour ces deux années.

Dans la plupart des cas, un principe actif garde son efficacité même après sa date de péremption… Cependant, il se peut aussi qu’un des adjuvants se soit transformé. Avec le temps, les liquides peuvent être contaminés, en particulier si le produit a déjà été ouvert. Le principe actif a alors éventuellement encore un effet tout à fait normal, mais sa prise entraîne par exemple des troubles gastriques, ou la crème irrite la peau au lieu de l’apaiser.

La date de péremption des médicaments n’est donc pas une astuce de l’industrie pharmaceutique pour pousser au renouvellement des achats, mais simplement une garantie que le médicament peut déployer l’effet décrit tout au long de la période indiquée. C’est l’utilisateur qui décide dans quelle mesure le médicament peut être utilisé après cette date. Toutefois, il n’y a plus aucune garantie du fabricant.

En conclusion: la date indiquée sur l’emballage est au service de la sécurité du médicament, et donc au final des patientes et des patients. Les médicaments périmés ne doivent pas être éliminés avec les déchets ménagers et en aucun cas jetés dans les WC. Les pharmacies et les drogueries suisses reprennent les médicaments périmés ou qui n’ont pas été utilisés en vue d’une élimination dans les règles.